Droits d'auteur © Sophie LAUZON
Épreuves d’admission : y a-t-il un dress code , pythagore : le premier philosophe, « engage for academic excellence » : pilier de la formation de neoma, gem révolutionne la préparation aux entretiens avec l’ia et la vr : une première en france .
Cet article s’intéresse aux thèses philosophiques sur la technique. Cette dernière façonnant le monde humain, il est essentiel de l’analyser.
A la manière de Platon et Aristote qui voyaient dans la Cité la seule voie pour parvenir au bonheur, Spinoza loue les avantages de la société . “Ce n’est pas seulement parce qu’elle protège contre les ennemis que la société est très utile et même nécessaire au plus haut point, c’est aussi parce qu’ elle permet de réunir un grand nombre de commodités .” En effet, une société réunit un ensemble d’individus complémentaires.
Ensemble, ils forment un tout organisé et cohérent, d’une efficacité aucunement atteignable par un seul homme. En effet, nul ne peut cumuler toutes les fonctions nécessaires à la vie en société. Ainsi, les hommes ne peuvent vivre hors de la société (à moins de perdre leur qualité humaine).
L’homme est avant tout travailleur et technicien. Il a prouvé par l’expérience l’éminente dignité des instruments qui permettent d’humaniser le monde, cela signifie s’y sentir toujours plus comme les maîtres. “L’outil est la ruse de la raison par laquelle la nature est tournée contre la nature.” écrit Hegel.
Pour rappel, ce philosophe place l’Esprit au-dessus de la matière , au-dessus de la nature. Ainsi, “un instrument inventé par l’homme est plus haut qu’une chose de la nature, car il est une production de l’Esprit.” En résumé, l’outil est une manifestation physique de l’esprit pour dompter la nature.
Chez Bergson, l’intelligence désigne la faculté, l’outil permettant à l’homme de dominer le monde. Néanmoins, elle ne s’exerce que sur la matière brute dont elle ne retient que le stable. “L’intelligence vise d’abord à fabriquer”, ce qu’il y a de fluide, de mouvant dans le réel lui échappe en partie. En d’autres termes, l ’intelligence n’est pas adaptée au flux et au devenir. C’est le rôle de l’intuition bergsonienne d’accéder à la dimension spirituelle du réel.
La technique permet à l’homme de dompter le réel. Cependant, elle ne se dresse pas face à la nature mais lui obéit. Plutôt, elle se sert de la nature pour pouvoir la vaincre. En effet, “l’homme n’étend ses connaissances et son action qu’à mesure qu’il découvre l’ordre naturel des choses, soit par l’observation, soit par la réflexion.”
Sans connaissance de la nature, il m’est impossible de la diriger . Or, c’est là l’ importance décisive des instrument s : “les instruments de l’esprit l’aident à saisir la vérité ou à saisir l’erreur.” Ainsi, la découverte des causes naturelles nous apporte science et technique, lesquelles permettent de vaincre la nature.
La technique et les outils ont pour Descartes un objectif moral : celui d’améliorer les conditions de vie des hommes. La connaissance de la physique doit nous permettre de maîtriser et posséder la nature. Le premier but est d’abord de protéger la santé de l’homme , que Descartes considère comme “le premier bien et le fondement de tous les autres”. En bref, la physique se doit d’être pratique , son action est loin d’être inutile et abstraite.
Lire plus : Le monde totalitaire selon Arendt : La nature du totalitarisme (1/2)
Dans cet ouvrage, Comte décrit les trois états de la science. Dans l’état théologique , l’esprit humain tourne ses recherches vers les connaissances absolues, seules qui ne sont pas subordonnées aux phénomènes naturels. L’état métaphysique désigne quant à lui la croyance en des entités. Enfin, l’état positif , stade final, est celui dans lequel s’effectue la recherche des lois de la nature .
“Science d’où prévoyance: prévoyance d’où action” : la science permet l’action par la prévision. L’exemple le plus flagrant est la météorologie, dont le but est précisément de prévoir, mais cela s’applique à toute science. En effet, les connaissances naturelles, loin d’enchaîner l’homme à un aveugle destin, le libère en lui permettant de prévoir . A travers cette pensée, savoir et pouvoir sont réunis et ne forment qu’un.
Pour Comte, “les sciences ont une destination plus directe et plus élevée : celle de satisfaire au besoin fondamental qu’éprouve notre intelligence de connaître les lois des phénomènes” . En résumé, le but des sciences est de satisfaire notre besoin de savoir avant tout. Connaître et agir sont les buts fondamentaux de la science.
A l’inverse de Descartes, Rousseau critique fortement la technique et tout ce qui touche à la société. Selon lui, le progrès corrompt l’homme naturel. L’entrée dans l’état civil était déjà une grande perte de liberté et les avancées techniques n’arrangent pas la situation. Plus les sciences et les arts se sont perfectionnés, plus la morale a régressé , constate Rousseau.
“Nos âmes se sont corrompues à mesure que nos sciences et nos arts se sont avancés à la perfection.” Il ajoute : “On a vu la vertu s’enfuir à mesure que la lumière s’élevait sur notre horizon”. Si pour le philosophe français le progrès de la connaissance est responsable de la dépravation des mœurs, Kant y voit plutôt une forme de prise de conscience grandissante.
Dit autrement, ce qui autrefois nous paraissait bon peut être vu comme immoral après évolution de notre mentalité, de nos normes sociales. Pour Kant au contraire, le progrès pousse l’homme vers la vertu.
Pour Heidegger, l’essence de la technique manifeste un vide spirituel, un oubli de l’être , elle exprime la détresse de notre temps. De son temps en particulier, ce philosophe a vu comment l’homme a dévasté la terre et organisé, par la technique, la pénurie spirituelle.
La technique exprime le vide ontologique le plus total, elle menace l’homme dans sa relation à l’être. Il écrit donc : “La technique met l’homme en péril”, elle menace “l’essence pensante de l’homme” et son rapport à l’être. A cause de la technique moderne, “l’homme erre dans un non-monde.”
Les progrès scientifiques désenchantent le monde. Ils sont sans cesse dépassés par de nouveaux. La science obéit aux lois du progrès. Elle est u ne occupation qui n’a et ne peut avoir de fin. Contrairement à la pensée de Descartes, la science n’a ici que des buts techniques et pratiques.
“Tout cela n’a de signification que pour “l’homme de la pratique ””, écrit Weber. L’homme de science recherche la science pour la science elle-même, laquelle fait partie d’un processus d’intellectualisation du réel. Celui-ci n’améliore pas notre connaissance de nos conditions de vie.
Faisant ainsi, nous expulsons du monde toute puissance magique, toute mysticité. Les mystères qui autrefois nous échappaient en sont réduits à n’être que de simples phénomènes physiques. La technique construit un monde désenchanté. Il s’agit d’un monde “sans magie” (Catherine Colliot-Thélène, spécialiste de la pensée de Weber).
Constatant lui aussi les dangers de la technique humaine sur la nature, Jonas élabore une pensée morale. Une éthique est exigée face au déchaînement du prométhéisme. En effet, la technique ne se contrôle plus, devenant un danger menaçant l’humanité entière et son essence. Cette technique est dépourvue de morale. Ce monde nouvellement créé, le monde moderne, “la terre nouvelle de la pratique collective […] est encore une terre vierge de la théorie éthique.”
La technique a bouleversé nos principes éthiques et met notre humanité en péril. Jonas lance une injonction : la technique doit préserver une vie authentiquement humaine. Pour ce faire, il faut l’encadrer d’une éthique, d’un principe de responsabilité.
Filière ECG ECT Littéraires
Année Bizuth Carré Cube
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Mort, maladies, catastrophes… La technique nous prémunit, au moins en partie, des agressions de la nature. En ce sens, elle nous émancipe. Pourtant, la technique peut aussi nous aliéner, en nous enfermant dans une logique d’exploitation du monde et de la nature. Pour dépasser ce problème, que les élèves de filière technologique ont été invités à interroger pour l’épreuve du bac, peut-être faudrait-il repenser de fond en comble notre rapport à la technique, non comme un outil de domination et un moyen de nous extraire de la nature, mais comme une manière de vivre en harmonie en son sein. C’est ce qu’avance l’agrégée de philosophie Apolline Guillot dans sa proposition de corrigé.
Proposition de correction : il s’agit ici de pistes possibles de traitement du sujet et non de la copie-type attendue par les correcteurs !
L’homme fait partie de la nature : elle est son terrain de jeu et sa prison, dont il ne sort que lorsqu’il meurt – et encore, la mort elle-même fait partie de la nature. Par « nature », on entend ici l’ensemble des choses physiques, ainsi que les lois qui régissent leurs interactions. Impossible d’aller contre la gravité, le vieillissement des cellules ou encore un tremblement de terre.
Impossible, vraiment ? À mieux y réfléchir, on se rend compte que nous avons aujourd’hui la capacité de nous affranchir de certains processus « naturels ». Médecine, architecture, pesticides, fusées spatiales... Nombreuses sont les innovations qui aujourd’hui rendent possible un certain affranchissement de la nature. La technique a donc une fonction émancipatrice : elle permet à l’homme d’échapper à certaines contraintes, de repousser certaines limites.
Mais si l’on examine de plus près en quoi consistent nos dispositifs techniques, on se rend compte qu’ils dérivent soit de l’expérience ordinaire et de l’imitation de la nature, soit de la connaissance des lois de la nature. Dans tous les cas, ils s’appuient sur une connaissance du fonctionnement du monde pour construire un outil ou un système capable de produire des effets qui n’existaient pas auparavant. En bref : la technique fait jouer la nature contre son propre camp, la subvertissant à son profit. Là où il pensait se libérer de la nature, l’homme ne fait que la prolonger en l’utilisant dans ses outils. Jusqu’à l’exploitation.
Si l’homme fait partie de la nature, ses relations avec cette dernière sont médiatisées par un troisième terme, l’outil . En effet, le seul usage de ses forces physiques le condamnerait à une mort certainement bien plus rapide qu’aujourd’hui, tant la nature l’a doté de peu de défenses naturelles.
C’est la leçon du mythe de Prométhée tel qu’il est raconté par Platon dans le Protagoras : Épiméthée, le frère de Prométhée, oublie les hommes au moment de distribuer les qualités et dons physiques parmi les animaux. Inventer des prolongements de son corps, des moyens d’augmenter ses capacités naturelles ou des abris pour se protéger, sont autant d’activités qui ne sont pas simplement du « luxe », mais des moyens de survie !
On peut aller encore plus loin : être « libéré » des contraintes naturelles ne veut pas seulement dire « éviter la mort ». C’est donc pour améliorer la vie humaine que les sciences et les techniques se sont développées, comme l’affirme Descartes dans le Discours de la Méthode : il serait criminel de ne pas mettre les progrès de la science au profit de l’humanité. En maîtrisant les lois qui régissent le monde, les hommes pourraient se rendre « comme maîtres et possesseurs de la nature » , afin de jouir d’un plus grand confort, mais surtout, de soigner leur corps.
Cependant, cette amélioration de la vie humaine est-elle pour autant une réelle « libération de la nature » ? En effet, Descartes ne prétend pas s’affranchir des lois de la nature, mais bien de les exploiter au profit de l’humanité. Cette exploitation des lois de la nature peut amener à malmener la Nature dans son ensemble, comme équilibre fragile de forces que nous ne maîtrisons pas forcément.
Si nous avons jusqu’à présent parlé de la nature comme une collection de lois et de phénomènes, la nature renvoie également à un système complexe intégrant tous ces éléments. Cette approche globale de la nature comme équilibre de forces est intéressante car elle en fait un ensemble dynamique, et pas seulement un stock de ressources disponibles à exploiter.
En cela, la technique ne nous libère pas de la nature mais nous donne l’illusion de pouvoir y échapper alors même que nous en sommes toujours des parties. Certaines innovations techniques, en poussant à bout nos ressources ou en entraînant des effets encore mal maîtrisés sur notre santé, mettent en péril notre propre survie !
C’est l’effet pernicieux de la technique que dénonce Heidegger : elle repose sur une approche utilitaire du monde qui nous entoure, en nous en excluant à tort.
Cependant, lorsqu’on parle de « libération » de la nature puis d’« exploitation » de cette dernière, on a en tête un nécessaire rapport de force binaire qui se rapproche de ce que Hegel appelle la « dialectique du maître et de l’esclave » . Toute relation entre l’homme et la nature consisterait soit en un rapport de dominé à dominant, soit l’inverse.
Ne faut-il pas sortir de ce paradigme pour proposer une approche de la technique comme médiation harmonieuse entre l’homme et son environnement ?
Plus que d’être simplificatrice, la dialectique de la libération et de l’asservissement est dangereuse. C’est en tout cas ce que suggère Gilbert Simondon dans Du mode d’existence des objets techniques . À ses yeux, la méconnaissance de la machine est la plus profonde cause d’aliénation dans le monde. Ce n’est pas en accusant les machines sans en comprendre le fonctionnement que nous serons capables de rendre nos technologies adéquates à nos valeurs humaines.
En opposant radicalement technique et nature, nous faisons de la technique un domaine à part de la culture humaine, et nous lui retirons le droit d’être porteuse de valeurs, de vision, et de significations propres.
Simondon propose une voie de réconciliation entre l’homme, la nature et son environnement technique. Selon lui, l’homme a pour fonction d’être le coordinateur et l’inventeur permanent des machines qui opèrent avec lui. Loin d’être un maître ou un esclave, il est le chef d’orchestre qui fait fonctionner main dans la main ses objets techniques et la nature.
La question de savoir si la technique libère l’homme de la nature comporte plusieurs dangers que nous avons identifiés. Si en effet nous avons pu voir que la technique libérait l’homme de certaines contraintes naturelles, il ne faut pas oublier que l’homme, tout comme les outils, sont des parties d’un système unique, la Nature. Cet oubli peut conduire à des débordements, notamment à une exploitation de la nature qui se retourne contre l’homme et l’asservit à son tour, le mettant en danger de mort ou d’extinction globale. Nous avons enfin choisi de nous distancier de cette opposition binaire et de considérer la technique comme l’une des manières qu’a l’homme d’habiter le monde. On se rend compte alors que cette dernière, en s’intégrant dans nos vies quotidiennes et en transformant notre environnement, véhicule elle aussi des valeurs et des significations culturelles.
➤ filières générales :.
Discuter, est-ce renoncer à la violence ?
L’inconscient échappe-t-il à toute forme de connaissance ?
Sommes-nous responsables de l’avenir ?
Commentaire de texte : De la division du travail social (1893) d’Émile Durkheim.
Est-il toujours injuste de désobéir aux lois ?
Savoir, est-ce ne rien croire ?
La technique nous libère-t-elle de la nature ?
Commentaire de texte : Le poète et l’activité de fantaisie (1907), de Sigmund Freud .
Sur le même sujet, corrigés du bac philo – filière technologique : “la liberté consiste-t-elle à n’obéir à personne ”.
Lorsqu’on obéit, par définition, on se soumet. À première vue, la liberté suppose donc l’absence d’obéissance. Mais cette définition de la liberté…
Par ses activités – travail, technique, science, art –, l’homme transfigure le donné extérieur. Cela peut lui donner davantage de prise sur celui…
Vous étiez quelques 670 000 candidats à passer l'épreuve de philosophie, pour la session 2013 du baccalauréat. À Philosophie magazine, des profs…
Vous êtes plus de 500 000 candidats à passer l'épreuve de philosophie, pour la session 2019 du baccalauréat. À Philosophie magazine, des profs…
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Vous êtes 499 763 candidats à passer l'épreuve de philosophie, pour la session 2016 du baccalauréat. À Philosophie magazine, des profs planchent…
Vous êtes quelques 680 000 candidats à passer l'épreuve de philosophie, pour la session 2014 du baccalauréat. À Philosophie magazine, des profs…
[compte-rendu].
Fourez Gérard. Jürgen Habermas, La technique et la science comme « Idéologie » . Traduit et préfacé par J.R. Ladmiral. In: Revue Philosophique de Louvain . Quatrième série, tome 72, n°15, 1974. pp. 621-624.
www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1974_num_72_15_5809_t1_0621_0000_1
Épistémologie contemporaine et Philosophie des sciences 621
Jiïrgen Habermas, La technique et la science comme « Idéologie ». Traduit et préfacé par J.R. Ladmiral. Un volume 20x14 de xlix- 213 pp. Paris, Gallimard, 1973.
La traduction en français d'une série d'essais de J. Habermas, héritier de l'École Sociologique de Francfort est la bienvenue. Ces essais, bien que publiés originalement entre 1965 et 1968, gardent leur actualité. Réflexions fondamentales sur le phénomène de la science moderne, l'ouvrage mérite d'être lu et approfondi par tous ceux qui s'intéressent à la crise de la science : il développe en effet des concepts philosophiques extrêmement utiles, notamment à la compréhension des problèmes liés à la scientifisation de la politique et aux intérêts qui y sont liés.
Au lecteur pressé, nous recommanderons les essais intitulés : « Connaissance et intérêt » et « Scientifisation de la politique et opinion publique ». De plus, la préface de J. R. Ladmiral est une bonne introduction à la pensée de l'auteur.
« Connaissance et intérêt » commence par indiquer comment le sens du mot « théorie » a évolué depuis les Grecs pour s'intégrer finalement dans la mentalité positiviste moderne. Chez les Grecs, la theoria impliquait une participation au cosmos selon une dimension sacrée et globalisante, et était donc intrinsèquement liée à des valeurs. Dans la mentalité positiviste, avec peut-être ses origines dans le kantisme, l'attitude théorique veut que l'on « se garde de tout jugement de valeur» (137). Mais « ce nom même de valeurs par rapport auxquelles les sciences devraient rester neutres nous vient du néo-kantisme et il est en contradiction avec l'ensemble de ce qui a été autrefois intentionné dans l'idée de théorie» (138). C'est ainsi que s'établit (et se « théorise » avec Husserl) la coupure créant la distinction entre connaissance et intérêts. Cette coupure, fondamentale à la mentalité positiviste, a une fonction « pédagogique » : celle de « dissimuler les véritables intérêts que la théorie représente » (143). Mais « que l'intérêt soit refoulé, cela fait encore partie de cet intérêt lui-même » (144) ; par l'« illusion ontologique de la théorie pure» (144) les intérêts sous- jacents aux activités scientifiques sont bien camouflés.
Pour éclairer cet état de choses Habermas distingue trois catégories d'intérêts qui donnent naissance à trois catégories « transcen- dantales » de sciences. L'intérêt technique naît dans le travail et développe les sciences empirico-analytiques dans la recherche de l'information. L'intérêt moral (pratique dans le sens kantien) se situe dans le langage et Yinteraction humaine et il donne naissance à l'interprétation des sciences historico-herméneutiques. L'intérêt émancipatoire, enfin, a sa racine et se définit par rapport aux relations de domination ; il conduit à l'analyse des sciences critiques. Ces « trois attitudes déterminent les trois points de vue spécifiques en fonction desquels il nous est possible de concevoir la réalité comme telle ». « Ces limites trancendantales de toute conception possible du monde ne peuvent pas être transgres-
Par gilas • 31 Mai 2017 • Dissertation • 1 383 Mots (6 Pages) • 39 807 Vues
A l’aide d’exemples précis tirés de votre expérience de lecteur, vous commenterez cette remarque d’André MAUROIS dans « Lettre à un jeune homme » : « Je ne pense pas que l’importance de la science dans notre société signifie la fin de et de la littérature. La science donne à l’homme un pouvoir grandissant sur le monde extérieur ; la littérature l’aide à mettre de l’ordre dans son monde intérieur. Les deux fonctions sont indispensables ».
En ce 21 ème siècle débutant où la technique est au sommet de ses performances avec les technologies de pointe les plus sophistiquées aux quatre coins du monde, le débat sur la place de l’art en général et de la littérature en particulier, en comparaison avec celle des sciences, ne peut que rebondir avec plus de bruit sous l’effet des pressions de la vision utilitariste. L’on a souvent envie d’oublier l’un au profit de l’autre. Si André MAUROIS entre dans le sujet c’est pour concilier les deux formes de connaissance du monde en précisant que « les deux sont indispensables » puisque l’une est un pouvoir et l’autre un savoir. Les deux agiraient en même temps sur le corps et l’esprit de l’homme ; mais qu’apportent-elles concrètement dans ce rôle de construction ou de réalisation de l’homme total ? Nous verrons cela en recherchant l’influence pratique de la science et de l’art sur le monde environnant dans lequel l’homme est plongé, puis sur la personne même de l’être humain. Sans doute se rendra-t-on compte si cette influence est toujours aussi élogieuse comme beaucoup pourraient le croire.
« La science donne à l’homme un pouvoir grandissant sur le monde extérieur », reconnaît André MAUROIS. On retient distinctement de cela que la science est un pouvoir, et ce n’est pas peu dire, d’ailleurs il s’agrandit année après année au fil de l’histoire. DESCARTES avait déjà dit cela dans le célèbre Discours de la méthode lorsqu’il tranchait que la science allait nous rendre (les hommes) « maîtres et possesseurs de la nature ». Ainsi, qui possède la science gouverne le monde, ou plus exactement le monde extérieur. Le concept de science est si vaste et si diversifié que l’on ne peut s’arrêter qu’à cette généralité du dictionnaire : ensemble cohérent de connaissances relatives à certaines catégories de faits, d’objets ou de phénomènes. Définition bien insuffisante, mais seules importent les implications. Les domaines de la science sont nombreux et l’esprit philosophique distingue trois niveaux principaux :
- Les mathématiques et la logique sont le domaine de l’analyse des quantités dont l’abstraction a permis les calculs algébriques, arithmétiques, géométriques, et même biométriques les plus pointus.
- Les sciences de la matière (physiques et chimie) en utilisant les êtres mathématiques ont pu arriver au stade actuel de la division la plus petite de l’atome, le premier élément de la matière
- Les sciences du vivant étudient la matière vivante et elles ont évolué au point de se permettre sur des corps vivants les expériences les plus folles comme les greffes, et les autres réussites.
Quant aux sciences humaines elles concernent l’évolution et les mouvements des sociétés humaines ; il s’agit de l’histoire, de la sociologie et des autres.
Toutes ces recherches sont menées depuis plusieurs siècles dans le but de conquérir la nature pour la mettre au service de l’homme, de façon à ce qu’il se nourrisse, s’habille, se déplace dans des conditions idéales de facilité. La science tend ainsi à défier Dieu en recréant pour l’homme et sur la terre le paradis d’où il a été chassé à la suite du péché qui a irrité le créateur. C’est ainsi une course sans fin vers la perfection dans laquelle la science renouvelle chaque jour ses méthodes pour des expériences nouvelles. C’est pourquoi Gaston BACHELARD (1884-1962) peut affirmer que : « toute la pensée scientifique doit changer devant une expérience nouvelle ; un discours sur la méthode scientifique sera toujours un discours de circonstance ».
Mais les utilisations des produits d’expériences scientifiques ne sont pas forcément une sécurité pour le monde. Si la science peut construire avec beaucoup de précision, elle peut aussi détruire avec la même aisance. Ne voit-on pas que l’avion qui n’était au départ qu’un moyen de transport, s’est adapté pour devenir l’arme de guerre la plus redoutable ? Et que dire de la bombe, ou de l’arme bactériologique, ou chimique, ou nucléaire ? En vérité, les guerres les plus meurtrières sont celles qui ont utilisé les produits les plus inattendus de toutes les industries. Aujourd’hui on peut croire que le monde s’avance vers sa propre destruction, par le fait des découvertes scientifiques plus audacieuses, liées au caractère belliqueux de certains dirigeants politiques qui ont marqué chaque génération. Comment alors sortir du cercle vicieux ? Y a-t-il un moyen d’éviter le chaos ?
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1. Définition. Dans le thème « Relation entre science et technique », il s'agit de présenter le lien entre la relation et la science, les avantages de ce lien puis les apports de celui-ci à l'humanité toute entière. Il s'agit aussi sans doute de présenter les points de vue des savants sur le thème.
D) Le rapport dialectique de la science et de la technique. 1) Ce que la technique doit à la science. Le savoir lui assurant l'efficacité. ... Vous avez de nombreuses publications où vous trouverez des exemples de sujets de dissertation. Les uns porteront sur l'idée de justice, les autres sur celle de science. Ce sont des ...
La philosophie a-t-elle encore une place dans un monde surtout dominé par la science ? La science découvre-t-elle ou construit-elle ses objets ? La science et la technique nous autorisent-elles à considérer notre civilisation comme supérieure aux autres ? La science ne fournit-elle que des certitudes ?
II) LA TECHNIQUE EST CULTURELLE ET NON NATURELLE : ELLE ELOIGNE L'HOMME DE LA NATURE. A) La technique fait sortir l'homme de la nature et le fait entrer dans l'histoire. Rousseau, Discours sur l'Origine et les Fondements de l'Inégalité parmi les hommes. B) La technique doit nous rendre "comme maîtres et possesseurs de la nature".
Cours de philosophie. Science et technique. [ Le cours ] Il est courant de confondre la science et la technique, de les prendre l'une pour l'autre, d'employer indifféremment le mot science à la place du mot technique tout comme il est courant de les associer l'une à l'autre. Ex : parler du progrès de la science alors qu'on veut parler d ...
En effet, selon lui, le progrès des techniques et de la science doit chercher la maîtrise du réel parce que l'homme s'oriente vers un bien, attitude scientiste qui assure une légitimité totale au progrès technique. Pourtant, quatre siècles plus tard, les techniques actuelles ont acquis une puissance qui les a rendues capables de ...
De la science à la technique. La science et la technique sont liées : la première vise la vérité, la seconde l'efficacité. La technique permet aux êtres vivants de s'adapter à leur environnement : en revanche, la technique animale, même si elle existe, est limitée. La technique nous libère, mais elle peut avoir des effets ...
Science eT TecHnique, TecHnique eT Science… 17. de la pensée, de l'intelligence humaine, le fruit de son « ingenium. 5 ». la terrible inversion enregistrée avec l'émergence des « technosciences » viendrait alors de ce que l'instrument l'aurait emporté sur l' ingenium.
Technique et science. Chapitre 5. Technique et science. Quelle position respective, aujourd'hui, entre les trois termes : Technique, Science et Art ? La technique, la science, l'art se partagent comme trois activités humaines aux destins plus ou moins antithétiques, aux valeurs tranchées, l'ensemble du travail humain.
Microsoft Word - Sciences, idéologie ettechnique Jorro.doc. Science, idéologie et technique : le pouvoir de la science face au « bricolage existentiel ». Les enjeux du progrès scientifique et ...
Impact: science et société, XIX, 4, p. 403-411, portr. Language. French
Conclusion. Si notre rapport au monde ne peut se réduire à un rapport technique, c'est parce que l'essence de la technique n'est pas elle-même technique, mais éthique et métaphysique. Ce qui fait que l'homme est un être technique c'est la place particulière qu'il occupe dans la nature.
Définition. La technique : moyens permettant de transformer la nature. Ces moyens peuvent être matériels et intellectuels. L'expression « monde artificiel » = monde naturel modifié par la technique. Donc technique permet meilleure qualité de vie + gagner du temps : TGV, avion….
LA TECHNIQUE ET LA SCIENCE COMME IDÉOLOGIE : L 'EXEMPLE DE L'AKP et LA TURQUIE . Mémoire de fin d'études . soutenu par. NEZİH ONUR KURU. Sous la direction de. DR. ESRA A TUK (Juin 2014) 1.
Bref, science et technique obéissent à deux vocations différentes : le savant a pour idéal de découvrir la réalité quand le technicien entend réaliser un idéal. 3. La technique est tributaire de la science. Si l'on examine le procédé technique, on s'aperçoit que le rapport essentiel est celui de moyen à fin. Ce procédé est la ...
La technique et la science constituent désormais les forces productives les plus importantes des sociétés développées. Cette situation nouvelle pose le problème de leur relation avec la pratique sociale, telle qu'elle doit s'exercer dans un monde où l'information est elle-même un produit de la technique. Jürgen Habermas examine dans les études réunies dans ce volume l'incidence de ...
La technique a bouleversé nos principes éthiques et met notre humanité en péril. Jonas lance une injonction : la technique doit préserver une vie authentiquement humaine. Pour ce faire, il faut l'encadrer d'une éthique, d'un principe de responsabilité. Cet article s'intéresse aux thèses philosophiques sur la technique.
La technique est une action effectuée machinalement tandis que la science est la conclusion d'une réflexion de connaissance. Nous trouvons donc a ce moment, la limite atteinte entre la science et la technique qui à ce moment, ne se rejoigne et ne corresponde plus. ... Lisez ce Archives du BAC Synthèse et plus de 299 000 autres dissertation.
Mort, maladies, catastrophes… La technique nous prémunit, au moins en partie, des agressions de la nature. En ce sens, elle nous émancipe. Pourtant, la…
Gvishiani, Dzhermen Mikhailovich; In. Impact: science et société, XXIX, 3, p. 219-225
Jiïrgen Habermas, La technique et la science comme « Idéologie ». Traduit et préfacé par J.R. Ladmiral. Un volume 20x14 de xlix- 213 pp. Paris, Gallimard, 1973. La traduction en français d'une série d'essais de J. Habermas, héritier de l'École Sociologique de Francfort est la bienvenue. Ces essais, bien que publiés originalement ...
Par conséquent, la convergence actuelle de la science et de la technique conduit à s'interroger sur l'illusion qu'il n'y aurait de science qu'en vue de son exploitation d'ordre technique ou économique. 2. La technique est-elle étrangère à la nature ? Qui dit moyens mis en œuvre en vue d'un but, dit puissance (Hobbes, 1588-1679).
Dissertation : Science et littérature. Recherche parmi 299 000+ dissertations. SUJET : A l'aide d'exemples précis tirés de votre expérience de lecteur, vous commenterez cette remarque d'André MAUROIS dans « Lettre à un jeune homme » : « Je ne pense pas que l'importance de la science dans notre société signifie la fin de et de ...